La machine du chaos 2

Quand on donne des armes à des frustrés à qui la vie n’a jamais fait cadeau, il faut toujours s’attendre au pire. Quand en plus, ces frustrés ont accès à des ressources presqu’illimitées, il ne faut jamais trop les chercher. Dans toutes les guerres, ceux qui ont perdu le plus, sont le plus à craindre. Il est beaucoup plus facile pour eux d’oser le pire, parce qu’ils estiment l’avoir déjà vécu.

La première bombe explosa à Santo-Domingo. L’explosion était si grande que les effets atteignirent les frontières haïtiano-dominicaines. Le président de la République Dominicaine, la majorité des ministres et sûrement une bonne partie des membres du Corps Législatif étaient sûrement morts. On ne pouvait estimer les dégâts sur le moment. Peut-être plus d’un million de victimes… Les scientifiques savaient déjà que cela aurait des répercussions sur toute la zone des Caraïbes. Peut-être même aussi sur les États-Unis, le Mexique et certains pays de l’Amérique Centrale. On ne savait pas encore… Tout au moins, il fallait à chaque cerveau un moment de répit pour assimiler la nouvelle.

Mais la machine du chaos ne donnait ni de répit, ni de pause. Quitte à rendre l’impossible possible, il avait toujours fallu que les criminels poussent le bouton encore plus loin.

Pendant les années de la Guerre-Froide, les Américains du Nord imposèrent une dictature dans la majorité des pays de l’Amérique du Sud et de l’Amérique Central. La peur des Socialistes était telle, qu’ils avaient jugé bon de contrôler tous les agissements de leur zone. La coopération Cubano-soviétique n’avait fait qu’intensifier les cauchemars des Américains et, plus ils avaient peur, plus ils se montraient menaçants. Pour contre-carré la menace, les Cubains passèrent à l’offensif, menaçant de rayer Miami de la carte au moindre acte déstabilisateur dans leur territoire. Les menaces des deux côtés durèrent des décennies et continuèrent même après la fin de la guerre. Et puis on essaya de rentrer dans un nouvel air, un air d’entente entre les deux nations. Cela fonctionna, cependant plusieurs années après, alors que le danger était écarté, le pire se produisit à Miami et ce n’était pas la faute de Cuba.

Avant même que l’on ne digère la nouvelle de l’explosion à Santo-Domingo, une deuxième bombe explosa. En une fraction de seconde, un battement de cils, Miami fut rayé de la carte, mais l’explosion ne s’arrêta pas là, une grande partie de la Floride était complètement détruite. Il était clair qu’on avait dépassé les 10 millions de morts.

La vie, si elle est d’un côté notre bien le plus précieux, est tellement fragile. Les hommes n’ont jamais pu en comprendre le sens, le but ultime. Et alors qu’ils auraient dû consacrer toutes leurs existences à la chercher et à améliorer la vie de tout un chacun, ils ont préféré investir dans les armes… Longtemps plus qu’ils n’ont jamais investi dans la paix dans le monde, dans l’éradication de la famine, ou même dans les recherches scientifiques pouvant améliorer la vie de tout un chacun. Le budget militaire annuel d’un pays riche fait plusieurs centaines de fois le budget annuel de dizaines de pays en voie de développement réunis. Et personne ne voit en cela une mauvaise chose. 

En Haïti, les corrompus ont pris le contrôle de tout, ne laissant presque rien au peuple, si ce n’est que de la crasse et de la misère. Et personne n’a vu qu’à un moment de la durée, on aurait dû arrêter tout cela. Personne, même pas les Haïtiens, n’a vu qu’Haïti méritait mieux. 

Le monde entier était en deuil. Haïti venait de lui souffler sa misère en plein visage en quelques minutes à peine. Et ce n’était pas une rumeur : la misère sent réellement mauvais… Nauséabondes à en faire pâlir les latrines !

En un temps aussi court, des millions de familles étaient en deuil. Et des dizaines de millions, de partout dans le monde pleuraient toutes les larmes de leurs corps. D’un seul coup, personne ne se sentit à l’abri et, en une fraction de seconde, partout au monde, on ressentait cette peur à déchirer l’âme qu’avaient ressentie les Haïtiens des décennies durant. Le chaos régna partout dans le monde et d’urgence, absolument tous les gouvernements du monde convoquèrent une réunion pour retomber, pendant un long moment, dans des débats qui donnaient l’impression d’être interminables.

La Russie et la Chine, qui depuis longtemps attendaient la première occasion pour s’imposer comme Grande Puissance, voulurent en profiter. Pour les politiciens, le bon moment de passer à l’acte était toujours maintenant. Et pour sûr, les politiciens de ces deux États se disaient que s’ils rataient cette occasion, ils devraient peut-être attendre encore longtemps pour en trouver une nouvelle. Washington était en alerte au niveau maximal. Maintenant que le monde entier constatait qu’il n’était pas invulnérable, le danger pouvait venir de n’importe où ou de partout à la fois. Jamais le pays n’avait connu pareille crise… Le monde aussi…

La panique était générale. D’un seul coup, le calme plat régnait sur presque tout le territoire américain. Un mutisme généralisé… Du jamais-vu dans toute l’histoire de l’humanité. Et puis ensuite, les prières et les pleurs ont commencé à sortir de partout. Ceux qui croyaient en l’existence d’une autorité suprême quelconque ne savaient plus à quel Saint se vouer. Les minutes étaient interminables… Insoutenables aussi !

Les minutes d’après l’explosion de la bombe, le marché boursier explosa à son tour et pour limiter les dégâts, l’État américain fut obligé de prendre une décision extrême : suspendre toutes les activités jusqu’à nouvel ordre. En moins de deux dizaines de minutes, la crise avait déjà frappé absolument toutes les sphères du pays. Toutes les institutions du territoire américain : les écoles, les institutions privées, et même la grande majorité des institutions étatiques avaient fermé leurs portes. L’impensable et l’inimaginable étaient maintenant réels.

Et puis après les vingt minutes, le chaos conquit le territoire américain entièrement. Le peuple paniqué devint incontrôlable. Les citoyens avaient la rage et en premier lieu, dans plusieurs États, on commença à prendre les Haïtiens pour cible. L’ambassade de l’État haïtien exigea à tous ses ressortissants de rentrer d’urgence à leur domicile, dans les églises si leurs domiciles sont trop loin, et pour ceux qui sont dans les rues proches de l’ambassade ou d’un consulat haïtien d’y rentrer rapidement.

La machine avait pris en puissance, mais elle n’allait absolument pas s’arrêter à cela. Elle avait soif de sang et pour assouvir son désir, il fallait encore qu’elle prenne en régime. Une troisième bombe explosa…

Ce texte fait partie d’un ensemble, cliquez ici pour lire la partie 3 :  https://valerydebourg.art.blog/2024/04/17/la-machine-du-chaos-3/ ;

.- et ici pour lire la première partie : https://valerydebourg.art.blog/2024/04/17/la-machine-du-chaos-1/

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